En passant, petites images glanées au gré d'ici ou là. Trégon, Bretagne, janvier 2024
Si tu étais oiseau, tu l’aurais vue de loin. Ton regard sur la carte en aurait fait autant. Suivant l’heure de la mer ou bien l’heure de la terre, elle se serait détachée, bleu salé sur vert doux ou sur un brun feuilles mortes en fonction de la saison, suivant la météo, la dentelle fine des vagues ou la bave écumante des déferlantes avides. Et puis toujours laisser pour les mers à marées, la zone d’hésitation, l’estran gris qui s’ajuste, tantôt suivant le flot, regrettant le jusant ou s’amusant encore de ces deux prétendants qui se cherchent toujours sans jamais se rejoindre en amants contrariés par les forces d’attraction, comme sont lune et soleil. C’est alors que pour ceux qui viennent là juste pour voir toute l’affaire se complique. Voir la mer peut devenir un jeu de piste décevant pour peu que le temps du jour soit au gris plus qu’au bleu. Alors pour voir la mer il faut se fier aux signes, aux senteurs, aux odeurs, à l’iode dans l’air, à la vase, aux coquilles, à la lumière plus claire parce qu’elle vient de plus loin. Même quand on habite là et quand on y est né, que l’on soit jeune tige ou arbre centenaire, voir la mer reste encore quelque chose de spécial, une idée à voir loin, loin des gouffres et falaises, loin jusqu’à l’horizon. Une idée d’évasion
Voir la mer… et la dire, et dire le regard, ce qui vient, ce qui va.
Oui, voir et dire, complémentaire. Comme tu le sais si bien 😉