L’âge des nuages

Nuages ou les yeux dans les cieux, pour préciser qu’ici on parlera de nuages, de ce qu’ils nous envoient, de ce qu’ils nous renvoient. Aussi de temps en temps, un peu d’Alfred Stieglitz, au fil des découvertes, parce que ses photos m’ont poussée jusqu’aux mots à regarder là haut 

Barbe blanche, chevelure pâle, c’est sûrement un nuage déjà d’un certain âge. Savoir l’âge des nuages, question pas vraiment sage pour une réponse rapide, sans interrogations, sans prolongements possibles, probables et même certains. Quel est l’âge des nuages, ont-ils d’ailleurs un âge, est-ce que ça a un sens de poser cette question. Sujet bien délicat pour ces êtres changeants, qui filent et se déforment, se transforment, se scindent et se ressoudent, disparaissent, se gonflent jusqu’à devenir encore bien plus gros que des buffles, juste avant de pâlir, de se désagréger, de ne plus exister, à nos yeux d’êtres humains. Nuages de montagnes au-dessus des sommets, nuages chargés de sel sur les crêtes des vagues, nuages ivres de sables au-dessus des déserts, ils se ressemblent, s’assemblent et sont soit toujours jeunes soit toujours très âgés et juste réarrangés, chargés de tout ce qui, un jour, a croisé leur chemin.
Si l’âge des nuages est chose trop compliquée alors juste revenir à l’image des nuages figée dans un cliché, un arrêt en image, existence éphémère, cycle de vie éclair, car c’est chacun son rythme, loi des saisons d’une herbe, d’une vie animale, de l’existence d’un arbre, d’une forêt, d’une montagne.
Alors, pour le souvenir s’en remettre au cliché, à l’image, la photo, collection de nuages comme des portraits de famille. Des plaques d’Alfred Stieglitz à ce qu’on peut découvrir au milieu des fichiers de nos images numériques découpées droit dans le ciel un de ces jours sans plafond, sans canopée, sans toit. Alors de ces jours-là se faire un peu solitaire, presque un peu étranger au doux ronron des jours qui viennent l’un après l’autre, réguliers, identiques, sans jamais de faux pas, ni de pas de côté, se faire comme l’étranger, celui qui n’a pas d’âge, celui de Charles Baudelaire dans le Spleen de Paris :
Qui aimes-tu le mieux, homme énigmatique, dis ? ton père, ta mère, ta sœur ou ton frère ?
Je n’ai ni père, ni mère, ni sœur, ni frère.
Tes amis ?
Vous vous servez là d’une parole dont le sens m’est resté jusqu’à ce jour inconnu.
Ta patrie ?
J’ignore sous quelle latitude elle est située.
La beauté ?
Je l’aimerais volontiers, déesse et immortelle.
L’or ?
Je le hais comme vous haïssez Dieu.
Eh ! qu’aimes-tu donc, extraordinaire étranger ?
J’aime les nuages… les nuages qui passent… là-bas… là-bas… les merveilleux nuages !

N’ayez pas peur !

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