Journal hebdomadaire de la nature autour, promenade, branche dessus, branche dessous, avec le grand dehors

Presque toute cette semaine, la météo était lasse et mélancolique, à l’exception, quand même d’une ou deux belles journées. Mélancolique n’est pas un terme de météo, pas un mot de bulletin, mais puisque l’on nous parle désormais de ressentie pour la température, pourquoi ne pas aller jusqu’à attribuer des mots de sentiments pour dire le temps qu’il fait. Alors pour cette semaine, oui le mélancolique. Du soleil, parfois, des éclaircies, parfois et du gris lourd, parfois. Un mélange de tout ça, en proportions variées. Avec au-dessus l’idée que les jours se rétrécissent encore un peu chaque jour, qu’il y a moins de lumière que l’on se recroqueville un peu comme les arbres, pelotonnés serrés autour de leurs racines bien à l’abri du temps dans le dedans de la terre. Aussi l’idée inverse que l’on vit pour cette semaine, les tout derniers moments avec des nuits si longues, qu’ensuite la lumière va venir grignoter une à une les minutes de nos si doux repos. Alors mélancolie, quand on oscille, dociles, entre les sensations que nous dicte le temps, sensations que l’on calme pour éviter surtout qu’elles réveillent ce qui dort, tout ce qui se repose, se prépare à l’été qui viendra et nous dépossédera d’un coup de toutes nos forces qu’il nous faudra refaire dans l’hiver qui reviendra dans une année entière.
Alors, continuer à tout bien regarder, à aller voir ailleurs, mais pas trop loin quand même pour voir si c’est pareil quand on regarde d’ailleurs, avec plus de hauteur, plus de droite ou de gauche, ou plus de profondeur. La forme des montagnes nous joue parfois des tours, abruptes vues de face et de profil si douces qu’on pourrait y grimper sans piolet et sans corde, alors tourner autour pour bien les regarder et ne pas se faire des idées qui seraient erronées. Des idées erronées, comme l’idée trop ancrée de la neige de décembre. Il reste du blanc, certes, mais il est granuleux, gelé et concassé et en de nombreux endroits, la terre est bien visible, elle se couvre parfois des tout premiers brins d’herbe que viennent grignoter les chamois qui descendent jusque dans les parages des habitats humains. Les mésanges, elles aussi s’enhardissent à venir au plus près des maisons, à profiter pleinement des graines de tournesol qui remplissent la mangeoire. Alors, les admirer comme une contrepartie de ces graines qu’on leur offre. Regarder également ce qui se passe plus bas, ce qui se passe à nos pieds, les mousses toujours vertes, bases toujours dispo pour plein de sortes de vies, toutes les racines fragiles qui cherchent un logis, comme celles des polypodes au doux goût de réglisse ou celles d’autres mousses, en bonne intelligence. Parfois même des arbres viennent s’installer là sans se douter qu’hélas leur avenir sera bien sombre juste au-dessus du caillou.
Ne pas oublier non plus d’aller se promener pour voir changer les choses, pour voir refleurir les hellébores d’hiver, voir les premières feuilles de fraisier, de primevère, se dire que c’est bien tôt et trembler pour le vert de ces plantes intrépides qui risqueraient le gel pour être les premières. Premier petit lézard vu sur un mur de pierres qui se chauffait au soleil, pataud et engourdi il risquait là sa vie pour glaner de minces degrés en attendant l’été qui seul lui rendra toute sa vitalité. Pas toujours simple la vie quand on a le sang froid. Chez les arbres, la sagesse reste encore de rigueur, les bourgeons toujours clos tant que les ombres des troncs s’allongent dans les champs , la tête sur le talus sous les rayons de soleil comme nos pensées s’allongent éclairées par les mots cueillis dans un bon livre.





