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Début de mi-novembre 2025

Journal hebdomadaire de la nature autour, promenade, branche dessus, branche dessous, avec le grand dehors

Une semaine tranquille en pente douce vers l’hiver. Bientôt les arbres seront nus, certains résistent encore, entre autres les pruniers, parmi les premiers arbres à fleurir au printemps et parmi les derniers à voir tomber leurs feuilles lorsqu’on est en automne. Peut-être un arbre limite pour la vie par ici mais qui profite du fait qu’il ne vit pas très haut et regarde d’en bas les sommets tout autour. Trop précoce au printemps et on risque le gel, trop tardif en automne et les premières neiges tombent lourdes et pleines d’eau sur l’arbre encore feuillu augmentant de beaucoup le poids à supporter par les fragiles branches qui risquent de casser, voire dans les cas extrêmes d’emmener l’arbre entier.
Aussi parmi les arbres qui hésitent et retardent l’heure de se dévêtir, retrouver les bouleaux, la pâleur de leur tronc, le jaune clair de leurs feuilles en ce mois de novembre, et les histoires du nord que nous racontent leur bois dont on fait les tambours des chamanes samis. Y tailler des objets, se servir de l’écorce pour allumer le feu, isoler les maisons, un arbre qui va savoir s’adapter presque à tout dans les terres scandinaves, à l’acide du sol comme au froid ou au vent et puis aussi au nord, à ses lumières rares autant qu’exubérantes en fonction de la saison. Sur le blanc de l’écorce, certains voient les visages des sages disparus, ou liront des histoires comme sur les pages d’un livre.
Lire ce serait plutôt pour cette fin de semaine quand les fenêtres séparent le sec de l’intérieur de la pluie du dehors. Au début de la semaine, encore un peu de temps pour profiter du chaud presque un peu déroutant apporté par le foehn qui sèche les dernières feuilles, les fait tomber aussi. Elles sont maintenant si rares, qu’on pourrait les compter, alors qu’en plein été, compter les feuilles des arbres est vraiment une idée que l’on aurait jamais, on parlerait d’infini, à tort évidemment, confondant infini et temps beaucoup trop long pour qu’on se lance dans l’affaire sans être vite lassés, ennuyés, écœurés par l’ampleur de la tâche. On s’en irait plutôt méditer bien à l’ombre et adossé au tronc, sur les vrais infinis, vertigineux objets qui font le plus grand bonheur des mathématiciennes et mathématiciens.
Lire ou juste regarder à travers la fenêtre les nuages revenir, défiler dans le vent, s’amonceler, se faire blancs ou sortir le grand jeu lors d’un coucher de soleil en champ de coquelicots, se dire que sans les feuilles, on voit mieux les oiseaux, remettre la mangeoire, voir revenir les mésanges se percher sur la rambarde pour attendre leur tour de graines de tournesol. Replonger dans son livre et se dire que finalement, les lettres noires d’une page blanche pourraient se faire perchoir pour le jaune des mésanges autant que les branches sombres sur fond de nuages clairs