Collodion humide

En passant, petites images glanées au gré d'ici ou là.
Balade photographique, Beaufort sur Doron, avril 2023

Tout commence devant la recyclerie. Objets mis au rebut qui vont reprendre vie, le symbole est parfait pour les essais du jour : photos au collodion humide avec Julien Dorol (@judorol)

Le collodion humide est un procédé photographique attribué à l’Anglais Frederick Scott Archer en 1851. En fait, le procédé était déjà connu dès le 1er juin 1850, date de la première publication du Traité pratique de photographie sur papier et sur verre par le Français Gustave Le Gray. Celui-ci fut le premier à remplacer l’albumine par le collodion pour fixer l’émulsion sur le verre.(Wikipedia)

Retour aux sources, curiosité, envie de tirages uniques d’une grande finesse et d’une douce subtilité dans les dégradés de gris. Simple envie de savoir, de voir, de comprendre les bases, du direct en direct, sans retouche, sans filet. Les raisons sont multiples pour revenir au collodion en nos temps numériques. Positifs ou négatifs, sur plaques de verre ou de métal, le collodion humide c’est une histoire de gestes, de gestuelle et d’expérience. De doigté. Tout commence par le collodion, c’est lui la base, la principale contrainte : il doit rester humide et il impose son temps. Tout doit être réglé, prêt et préparé avant le vrai début. La chambre calée sur son trépied devant l’ancienne tour qui s’écroule au milieu de son champ, à la fois protégée et étouffée par les arbres dans son délabrement et dans ses écroulements. Mise au point sur la fenêtre. Sous le voile noir, faire jouer le soufflet pour que l’image inversée soit parfaitement nette. Puis décentrer l’ensemble pour garder dans les lignes, sur le verre dépoli, parallèles et fuyantes. Leçon d’optique. Autre élément indispensable à préparer d’avance, le processus de développement. Endroit noir, juste une petite lampe rouge clair, produits à portée de main, tout comme l’eau de rinçage. Leçon de chimie.
Gants et lunettes de protection. Éloigner le chien qui vient trop près des bacs, chercher la compagnie. Action. Dévisser d’un petit tour le bocal de collodion et préparer la plaque. Enlever le film de protection, avec les gants donc sans les ongles… ne pas s’énerver. Verser le collodion, l’étaler. Chaque étape est cruciale, mais celle-ci donne son nom à tout le processus. Précisément doser le collodion, le trop formera des bourrelets sur les bords de la plaque, le pas assez laissera des zones blanches, métal non recouvert. Mouvement du poignet, agilité des doigts qui doivent tenir la plaque sans imprimer leur marque. Mouvements de crêpier pour étaler la pâte. Sensibiliser la plaque en la plongeant dans le nitrate d’argent à l’abri de la lumière. Magie et chimie, laisser le temps aux halogénures d’argent de s’installer confortablement sur leur matelas de collodion avant la projection. Transférer la plaque sensibilisée dans un châssis étanche à la lumière jusqu’à la chambre, l’installer. Exposer. Laisser la lumière entrer après avoir estimé, calculé et arrondi, le temps de pose. Fin de la prise de vue. Retour dans le châssis jusqu’au développement. Estimer le temps dans le bain de révélateur, rincer à l’eau pour arrêter la réaction, et regarder, à la lumière du jour. Si la photo est réussie, exposition et contraste bluffants, détails presque vivants qui font pointer l’index vers la plaque au milieu des « oh, et là ! », alors, fixer, rincer, puis appliquer un vernis pour conserver longtemps, voire très longtemps.

Ce jour-là, vent, poussière, froid, installation à perfectionner, fuite de lumière dans le châssis, première expérience en extérieur… Tant pis pour le longtemps, les plaques seront nettoyées pour être réutilisée. Échec ? Loin de là ! Avoir identifié les problèmes et envisager des solutions, voir les améliorations à apporter et surtout, avoir entrevu quelques unes des lignes de ce bâtiment dans les teintes si subtiles du collodion, la douceur des traits, la matérialité de tout le procédé, la fascination lorsque l’image apparait sur la plaque, tout un mélange d’époques, une technique historique qui revient à la vie, des instants de trois secondes et cette idée d’une image qui permettra au présent de rester dans l’avenir. Rien que du positif !

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2 réflexions sur « Collodion humide »

    1. Oui, c’est fascinant ! Retour aux bases, tout simple, tout dans le geste, dans l’expérience dans le perception juste de la lumière, du temps, des conditions. Et quand toutes les conditions sont réunies, les résultats sont vraiment beaux. Il y a quelque chose de vraiment spécial dans le rendu du collodion, une sorte de profondeur…

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