Nuages ou les yeux dans les cieux, pour préciser qu’ici on parlera de nuages, de ce qu’ils nous envoient, de ce qu’ils nous renvoient. Aussi de temps en temps, un peu d’Alfred Stieglitz, au fil des découvertes, parce que ses photos m’ont poussée jusqu’aux mots à regarder là haut

Rochers comme nuages tombés à terre.
Ces beaux mots d’ouverture sont de Gracia Beijani, du vidéopoème ne pas voir vieillir nos mains.
Une phrase comme un cadeau, un immense commencement, une incitation douce à déplacer nos yeux au-delà du juste en face, faire du regard le lien entre le bas et le haut, entre le haut et le bas ou juste poser ses yeux au sommet des montagnes ou se posent les nuages pour devenir rochers. D’autres sont tombés là il y a déjà longtemps, ils roulent sous nos pieds, mobilisent nos chevilles, offrent asile à nos yeux, à nos corps fatigués. Alors du bout des doigts, on suit les couches, les strates, des stratus en millefeuilles, des pages de nuages, des liasses de roches comme feuillets dans un livre, savamment empilés comme albums de souvenirs, puisque le temps des uns n’est pas celui des autres. Les instants des nuages sont les ères des rochers, juste changer d’échelle pour voir la filiation, les liens de parenté, de famille, de lignage, ciel et sol comme fratrie, comme notes d’une même portée. Rondouillards rochers comme cumulus d’été, tout habillés de mousse, de lichens, de feuilles mortes pour inciter nos yeux à ne pas se laisser aller, ne pas rester en surface, ne voir que la couleur quand la forme est la clé, le portrait par les traits. Ensuite vient le toucher, les mains ouvertes en grand et puis fermer les yeux, tête tournée vers le haut, sous les doigts le nuage quand les yeux disent rocher, choisir celle qu’il nous faut parmi les sensations qui reviennent à la tête ou bien admettre les deux, loin du trop cartésien, qui, sans pour autant nier toute réalité, serait bien avisé de nous laisser rêver, au moins de temps en temps.
Une bien longue histoire, les nuages et leur relation au reste du monde, ou plutôt :
Thirty-five or more years ago I spent a few days in Murren (Switzerland), and I was experimenting with ortho plates. Clouds and their relationship to the rest of the world, and clouds for themselves, interested me, and clouds which were most difficult to photograph-nearly impossible. Ever since then clouds have been in my mind most powerfully at times, and I always knew I’d follow up the experiment made over 35 years ago.
I always watched clouds. Studied them. Had unusual opportunities up here on this hillside.
Écrivait Alfred Stieglitz dans How I came to photograph clouds, article paru le 19 Septembre 1923 dans la revue The amateur photographer and photography. Alors, pourquoi encore maintenant faudrait-il hésiter à sortir les nuages de leur tiroir céleste pour pouvoir aisément les admirer juste là, tout près, sous nos pieds, sous nos mains, sous nos yeux, ces rochers, ces photos en relief des nuages comme rochers tombés à terre
Encore un grand merci à Gracia Beijani pour ses mots qui ont donné vie aux miens. Pour découvrir le travail de Gracia, sa chaine Youtube et son site
J’aime les nuages et encore plus une fois t’avoir lue Juliette
Oui, celui-là me faisait penser à un vaisseau spatial ou à un bathyscaphe, l’idée est la même dans l’eau ou dans l’espace, seul le milieu change…
Et grand merci pour ta lecture, tes lectures !