Archives par mot-clé : mélancolie

Début décembre 2025

Journal hebdomadaire de la nature autour, promenade, branche dessus, branche dessous, avec le grand dehors

Une semaine qui oscille entre beau et couvert et puis du froid au chaud. Températures qui remontent au fil des jours, la pluie qui vient laver le blanc des paysages. La pluie n’est pas une gomme qui efface les traits sombres, elle enlève le blanc qui couvrait les sapins, arrondissait les pointes des rochers qui piquaient sur les pentes des montagnes. La pluie efface aussi les nervures des feuilles soulignées par le givre, dessin au crayon blanc sur papier coloré. Le blanc et puis son froid étaient encore bien là en début de semaine, mais il a laissé place à un temps bien plus doux, bien plus grisâtre aussi, on dirait presque terne. Quand on dit pluie et doux on penserait au printemps sans autre indication, mais manquent encore les signes qui formeraient le contexte, le vacarme des oiseaux qui veulent tous une belle place, voire même la meilleure place dans le paysage sonore, et puis les végétaux, des arbres aux petites herbes qui se remplissent d’enthousiasme en pensant aux bourgeons.
De tout ça rien du tout. Un hiver un peu mou, un peu couvert et gris, de la mélancolie en regardant par la fenêtre la pluie qui coule les vitres et arrondit les flaques en les couvrant de cercles. Ne pas sortir sans les bottes et laisser devant la porte les semelles doublées de boue comme si pour la terre la gravité normale se trouvait inversée et que le haut attirait la boue venue du bas. Peut-être pour nous rappeler qu’en ce moment les arbres font le mort sur la terre, mais s’activent sous la terre, pomponnent leurs racines, soignent les bonnes relations avec leur voisinage, autres arbres, champignons, parfois se tapent dans la main et se donnent leur parole pour nouer des alliances souterraines et fertiles.
Alors nous autres humains, cantonnés en surface, nous parlons de grisailles, de temps bien trop couvert, de tristesse et de mélancolie, nous qui aimerions tant vivre toute l’année le même emploi du temps et les mêmes horaires alors que l’évidence nous démontre que les jours sont plus courts en hiver. Alors, faire ce qu’on peut et puis se réfugier dans les choses tranquilles, coin du feu et tisane. Ou faire comme les arbres, aller se réfugier dans une vie souterraine, dans une vie parallèle, dans la vie chez les livres.