Carnets de « Voyage en irréel » #5

Il était une fois... Dans cette série "carnets", toute l'histoire de "Voyage en Irréel", livre écrit à quatre mains avec Nicolas-Orillard-Demaire. Depuis avant l'idée jusqu'à après l'objet !

La relecture

 

Il y a relecture et relecture.

D’abord la re-lecture comme une lecture à nouveau, pour le plaisir de retrouver un texte, de se blottir encore dans ses recoins douillets, de se replonger dans l’ambiance, le style, les mots, ceux qu’on aime déjà et ceux qu’on a entr’aperçus trop rapidement lors de la lecture précédente, des silhouettes floues qu’on voudrait faire sortir du brouillard pour mieux les contempler, un morceau confus qu’on aimerait démêler. Des idées, des phrases, des images qui seront plus gouteuses encore, parce qu’à leur saveur s’ajoutera celle du souvenir. Les retrouvailles avec de vieux amis, presque de la famille. Celle-ci est un plaisir, gardons-la pour plus tard et surtout, pour les textes des autres.

L’autre relecture, c’est la relecture technique. Qu’importe le fond pourvu qu’on ait la forme et que cette forme soit conforme. Champ stérile, pincette orthographique, scalpel grammatical et aiguilles syntaxiques. L’âme disparait, ne reste que le corps. Cette relecture-là doit se faire d’un autre œil. Trouver les fautes qu’on a soi-même écrites, dans un texte sur lequel on a longtemps travaillé n’est pas simple. On s’est habitué à la bévue et elle est devenue familière, normale, rien ne choque, on repasse devant l’erreur sans la remarquer, alors qu’une fois pointée, elle nous semblera énorme, et on se demandera bien comment on a pu la laisser passer…

Pour cette partie du travail, j’étais donc la moins compétente, même si le temps aide ici aussi et fait clignoter, enfin, l’accord imparfait. Les yeux extérieurs deviennent les plus précieux. L’équipe de base a donc été renforcée pour cette phase délicate : merci J.P., J.C. et surtout D. qui a déniché le plus grand nombre de coquilles, et parmi les plus subtiles, celles qui vous font douter, vous font replonger dans les dictionnaires, Littré et autres Bescherelle et vous donnent ensuite la satisfaction d’avoir appris quelque chose.

Enfin il y avait les « fautes faites exprès ». La ponctuation : arrêter le lecteur, disposer des virgules bien visibles pour forcer à la pause, à prendre le temps d’apprécier chaque morceau de phrase séparément ou au contraire favoriser la fluidité, l’écoulement du texte en continu sautillant scintillant contournant sans ruptures les pierres comme les branches déposées dans son lit pour éviter l’ennui ? pour les formes poétiques, retour à la ligne et majuscules obligatoires en début de phrase ? Et les phrases nominales, les énumérations…

Et puis les fautes qui n’en seraient pas, qui se voudraient des références, des renvois, des images, fautes ou pas fautes ? Balade ou ballade ? Clin d’œil à Corto Maltese qui assume ses deux ailes dans la ballade de la mer saléeou monstruosité de cancre ?

Libertés également dans la construction des phrases, avec les questions qui en découlent. Une phrase sans verbe, encore une phrase ? une phrase sans majuscule, sans sujet, avec un seul mot ? Qu’est-ce qu’une phrase ? Et les répétitions, à bannir ? La musique des mots avant ou après la syntaxe ? jusqu’à une extension pour ces questions-là, sur le site des Enlivreurs, rubrique Blog, article « Dans l’infra-rouge »

Souvent il a fallu trancher, écouter, ou pas, les remarques et conseils, en discuter, réfléchir aux choix faits, à leur pertinence, leur intérêt pour le texte, pour le livre dans sa globalité, puisque l’objectif de tout ça reste évidemment dans l’intérêt du livre, pour qu’il ait à sa sortie le plus beau des sourires, des dents blanches éclatantes, sans la feuille de persil coincée entre les dents…

 

Rappels :

Pour d’autres images de Nicolas : http://nod-photography.com

Et pour commander le livre « Voyage en Irréel » : https://spoteditions.sumup.link

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2 réflexions sur « Carnets de « Voyage en irréel » #5 »

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