Journal hebdomadaire de la nature autour, promenade, branche dessus, branche dessous, avec le grand dehors

Semaine de chaleur, de forte chaleur, de canicule. Le grand chaud excessif, tout comme son opposé, le grand froid excessif, nous pousse à l’intérieur, nous pousse à nous cacher, nous camoufler, nous soustraire au-dehors, à laisser seuls au loin ceux qui ne peuvent se mouvoir pour aller chercher l’ombre. Les arbres sont de ceux-là, plantés, comme toutes les plantes et qui ne peuvent quitter le lieu de leurs racines. Eux qui nous font de l’ombre ne peuvent en profiter que venant de leurs aînés, qui eux sont condamnés à rester tête nue sous le soleil de plomb. Pour certains cette épreuve a hâté la venue du jaunissement des feuilles. Beaucoup ont sur la tête, en fonction de leur espèce, de ce jaune lumineux qui rappelle le soleil, ce jaune juste au-dessus d’eux.
La moitié du mois d’août maintenant dépassée, on voit doucement venir la pensée de l’automne, comme une main posée sur la poignée de la porte, quelques feuilles déjà rousses nous disent que c’est bien ce qu’on croit, malgré la canicule, ou peut-être à cause d’elle, commencer à songer à la suite de l’histoire. Ne pas trancher ici dans cette immense querelle entre ceux qui préparent toute chose à l’avance, vivant dans le futur une partie du présent, ou ceux qui pensent quand même que c’était mieux hier et vivent dans le passé une partie de leur vie. Juste au sein du récit, placer quelques indices, des détails tout petits que l’on remarque à peine, mais qui aident à la fin à ne pas voir la fin comme un cheveu sur la soupe.
Ces premières feuilles jaunes, s’en réjouir ou pas, signes du temps qui passe, sagesse ou bien vieillesse, elles sont là, voilà tout. Les fruits, sur beaucoup d’arbres ne sont pas encore prêts à se laisser tomber dans nos pots de confiture, nos tartes, nos compotiers, on aimerait les voir prendre un peu plus de volume, de rondeur, de ce potelé joufflu qu’on prête aux nouveau-nés comme signe de belle santé. Flétris avant d’être mûrs, avant que les pépins, noyaux et autres graines n’aient pu se pomponner pour s’en aller germer dans une prochaine saison, c’est le lot de beaucoup en ces jours de trop chaud qui nous ont fait sauter tout un tas de chapitres, nous livrent la conclusion de la saison d’été sans qu’on ait eu le temps de savourer le style, l’écriture et la phrase avant le dénouement



