Journal hebdomadaire de la nature autour, promenade, branche dessus, branche dessous, avec le grand dehors

Pour cette avant-dernière semaine du mois d’octobre, grand retour de la pluie, de l’humide, du froid, du soleil bien caché, des nuages, du brouillard, de la visibilité lointaine qui se réduit au proche. L’automne tâtonne encore, lui qui hésite longtemps, passant d’une patte sur l’autre entre été et hiver. Cette semaine c’est l’hiver qui pointe le bout de sa neige sur les sommets d’en face. Dans le fond de la vallée, et dans le bas des versants c’est la pluie qui s’installe pour abreuver enfin une terre bien trop sèche. Les gouttes pendent aux branches comme une goutte au nez, grand retour du clinquant, du brillant des reflets, du pouvoir de l’humide capable de faire entrer tout le ciel et ses nuages dans une simple gouttelette.
Dans la forêt d’en face, le souffle du grand vent a fait tomber trop vite, les feuilles aux belles couleurs, parfois une branche résiste pour jouer du contraste, des dernières étincelles, pour mettre du jaune dans le sombre de ce sous-bois de troncs, résineux en premier, sapins, épicéas qui nous plongent dans un lieu où le pas est léger comme la lumière est lourde de sa parcimonie. À terre juste des aiguilles, pas de tapis de feuilles où le pied trace son sillon avec un bruit plus sourd et moins carillonnant que la semaine dernière au temps de l’encore sec.
Du côté animaux, les rencontres s’espacent. Finis les vols d’insectes et les dernières guêpes, solitaires, égarées de ce côté obscur des carreaux de nos fenêtres voient plus comme une sentence, comme une condamnation que comme une délivrance qu’on les rende à l’air libre. Fini aussi le soir ou bien au petit matin les vols si réguliers des petites chauves-souris qui se sont réfugiées pour les mois froids qui viennent dans le pas jointif du tout des planches du bardage. Du côté des oiseaux, on se dit que maintenant que les feuilles disparaissent, on va enfin mieux voir qui se perche sur les branches, mais beaucoup sont partis chercher le chaud au sud, chassés par l’air plus frais, des envies de voyage, poussée de migration. Pour ceux qui ne volent pas et vivent dans les bois, l’automne est fait d’angoisses, de la peur du chasseur. Alors, se réjouir quand le sabot insouciant laisse une marque bien visible dans la boue d’une flaque : il aura survécu au moins jusqu’à maintenant.
Du côté des humains, qui laissent aussi des traces dans la boue fraiche des flaques, la pluie est peu propice aux longues balades tranquilles, pourtant c’est par ces temps pas toujours agréables que sont les belles rencontres et les belles émotions de solitude paisible, même sur les sentiers balisés pour l’été et les promeneurs en shorts. Dans cette solitude, écouter sur l’abri éphémère d’une grosse veste teinter les gouttes de pluie, se faire perméable aux souffles pour pouvoir attraper les idées qui flottent entre deux eaux autant qu’entre deux airs et vont si bien aux mots dont je les habillerai une fois rentrée au sec





entre arbres animaux et humains…
et toute cette eau, univers sensible que tu nous donnes à percevoir…