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Nervures

Pour ne pas oublier tout ce qu’on oublie toujours, toujours un peu trop vite

Commencer par le haut, commencer par le bas, la question n’a pas de sens, il suffit simplement de retourner la feuille. Les artères principales se divisent en plus petites, se divisent en plus petites et encore en plus petites, en chemins vicinaux. Scruter dans l’autre sens, des régions reculées, des deltas, des montagnes, on rejoint des torrents, des ruisseaux, des rivières, des fleuves et puis des routes à plusieurs grosses voix, des troncs jusqu’aux racines. À suivre avec le doigt les si fines lignes bleues tracées sur le papier d’une carte routière, se noyer dans les noms, les noms en italique, les brindilles, radicelles, filets d’eau et nervures. Nervures, comme des nerfs, ces nerfs qui entremêlent les messages de l’aller avec ceux du retour, depuis l’élan des doigts jusqu’à notre encéphale, qui lui renvoie les phrases que l’on divise en mots en mouvements des doigts qui choisissent la bonne touche, la courbe du crayon ou le zigzag du N, comme dans le mot Nervure. Les nervures de ces textes dans lesquelles se perdre, revenir sur ses pas pour repartir encore par un autre chemin, s’égarer, se tromper, ne plus s’y retrouver entre l’œil et le doigt et la tête au milieu.
Tout ça serait bien trop simple s’il suffisait de suivre les empreintes de pattes déposées par l’oiseau entre deux envolées, car restent à capturer les insectes et le vent, les accrocs, les odeurs, les ombres et les textures même par les jours de pluie, pour faire des arbres des mots et les habiller beaux quand les nervures des feuilles et les pattes d’oiseaux ont un squelette commun et un seul alphabet de si peu de caractères. Se sentir certains jours requin en aquarium et parfois suivre la ligne des nervures de la feuille pour ensuite se rendre compte qu’on est parti si loin, qu’on écrit simplement en dehors du papier

20230305

"De temps en temps", ça commence par la météo, et ça continue avec ce qui vient en tirant sur le fil

Peu nuageux. Les grisailles matinales en Isère, avant-pays savoyard et bas-Bugey se dissipent progressivement. Le temps bien ensoleillé présent partout ailleurs se généralise alors l’après-midi.
Températures minimales comprises entre -2 et +1 degrés.
Températures maximales comprises entre +10 et +13 degrés.
Isotherme 0° vers 1700 mètres.
Vent faible à modéré de Nord.
Prévisions Météo Alpes

Des grisailles matinales. Grisailles, passage du noir au blanc, avec un petit côté trainant, agaçant, déplaisant, mais sans être important, juste une transition qui dure un peu longtemps. Transition entre la nuit et le jour, entre le noir de la nuit et la couleur du jour. Le jour est rarement blanc, à part ces exceptions, le jour nous est couleur, il l’annonce et le clame à chacun de ses levers. Ça commence par les masses, une maison est un cube, un arbre comme une sphère, ou encore comme un cône s’il s’agit de sapins. La montagne est un bloc dont on ne sait encore rien. Et puis viennent les détails, des petites zones plus claires ou parfois plus foncées. On reconnait une forme sans en être bien surs quand les contours s’affinent. Du feuillage des grands arbres on distingue le touffu, un bouquet de branches fines n’est encore qu’un fagot quand on est en hiver, mais on voit ressortir du tronc les charpentières comme des bras et des jambes. Les couleurs apparaissent avant que ne soient fixés les tout derniers détails, les nervures dans les feuilles, la texture de l’écorce. Elle sont encore bien pâles et n’osent s’affirmer, mais elles sont déjà là pour occuper la place. À cette heure là du jour, le monde est déjà tel qu’il sera jusqu’au soir, restent juste à régler, les fautes d’orthographes et les phrases maladroites ou un mot mal choisi pour que le texte puisse aller rencontrer ses lecteurs