Archives mensuelles : juillet 2025

Fin juillet 2025

Journal hebdomadaire de la nature autour, promenade, branche dessus, branche dessous, avec le grand dehors

Fin juillet, le milieu de l’été. Juillet ce serait un peu comme l’acclimatation, se faire à la chaleur et aux soirées plus longues qui permettent de tirer un peu sur la journée, d’aller encore le soir, après avoir mangé, faire une petite balade ou gratter dans le jardin si jamais les moustiques ne se mêlent pas trop de tout ça. Le juillet des végétaux c’est avoir tout en place, l’ombre douce sous les arbres, les feuilles qui se fortifient, épaississent leurs fibres en tirant du soleil tout ce qu’elles peuvent attraper, magie de la chlorophylle, précieux panneaux solaires qui créent de la matière. Fin juillet cette année c’est du frais agréable, avec du chaud sans trop et de l’eau pour donner assurance et volume à tous les végétaux.
Du côté végétal, ça murit et grossit, ça se colore aussi ou ça prend du piquant si on est né châtaigne. Autres arbres, autres feuilles, les prunes affirment chacune une couleur ou une forme quand les feuilles restent discrètes avec leurs différences. Maintenant chacun affine la forme de ses fruits, les pommes prennent de la rondeur et même pour certaines, du rosé sur les joues. Quand on part en balade c’est régal assuré, mûres, myrtilles ou framboises, voire encore quelques-unes des petites fraises des bois, les choisir avec soin pour éviter l’acide, les papilles guident la main qui laissera sur la branche le fruit pas encore prêt à quitter sans regret sa plante nourricière.
Du côté animal pour moi l’été est de loin la saison des insectes. Se baisser pour les voir, regarder au plus près pour pouvoir s’extasier sur la finesse des pattes, la transparence des ailes ou encore le solide de leurs fortes carapaces. Ils ont aussi pour eux une ingéniosité et une force de groupe qui est apte à détruire toutes les forteresses que l’on croyait imprenables. Leur force et leur faiblesse reste leur petite taille, vulnérabilité face aux becs affamés des oisillons juste nés que les parents nourrissent avec le plus grand zèle. Mais tout ça se passe, bien sûr, dans un monde idéal, quand nous autres humains n’avons pas décidé de les éliminer avec des armes chimiques, sûrement un peu jaloux de leur esprit d’équipe.
Souvent la météo mettra tout le monde d’accord, les orages du soir font rentrer tout ce qui bouge aux terriers respectifs, avec côté humain quand même un avantage qui lui permet de voir à travers ses fenêtres les nuages faire leur show, nous cacher les montagnes comme les parents apprennent au tout petit bébé que Sophie la girafe ou l’adoré doudou existe encore même quand il ne le voit plus

Fin de mi-juillet 2025

Journal hebdomadaire de la nature autour, promenade, branche dessus, branche dessous, avec le grand dehors

Orages et averses d’été, de ces pluies qu’on attend pour rafraichir le soir et parce qu’elles sont logiques dans le cycle des jours et puis celui de l’eau. Traits, points, toujours clairs et brillants sur le fond sombre des arbres, le langage des coulées, des mots à déchiffrer dans une autre écriture, celle des petites gouttes rondes et puis des gouttes longues, le morse de la pluie. Une autre façon de dire, de parler des nuages, elles disent d’où elles viennent, disent la terre où elles tombent et ce qu’elles y feront, juste flaque ou ruisseau jusqu’à rejoindre la mer, un futur d’aventures.
Les arbres et autres plantes à quelques exceptions près sont maintenant plus tranquilles, le temps n’est plus aux fleurs, aux feuilles à construire, juste à consolider tout ce que le printemps à fait naitre de nouveau, elles sont plutôt croissance que fleurs ou bien naissance. Presque le temps de lézarder dans le beau temps d’été. Les fruits sont bien en place, les papilles se préparent au fur et à mesure que grossissent les pommes.
Il reste quand même des plantes pour grandir coûte que coûte sans prendre aucun repos, qui renaissent de plus belle quand une débroussailleuse les réduits à néant au niveau des racines, les fougères et les ronces sont de ces sortes de plantes pourvu que l’eau soit là, au moins l’humidité. Les mousses bien sûr aussi, qui se replient pour le chaud et se déploient en grand quand l’eau est de nouveau là.
Question adaptation, les plantes savent faire pourvu qu’on les laisse faire, les animaux aussi, chacun son petit royaume, son moment de la journée, quand il s’agit de voir la journée de 24 heures, avec la nuit aussi. Alors que nous humains sommes bien moins adaptés à vivre dans le noir surtout que maintenant, pleine lune ou noir complet, on allume la lumière pour que nos yeux puissent rester notre atout principal pour connaitre le monde qui est autour de nous. Alors, en profiter pour quand même ça et là, lever les yeux au ciel et éteindre les lampes pour pouvoir profiter des étoiles, de la lune et puis de toutes les ombres qui font beaucoup moins peur quand on fait un effort pour mieux faire connaissance.

Début de mi-juillet 2025

Journal hebdomadaire de la nature autour, promenade, branche dessus, branche dessous, avec le grand dehors

Début de semaine un peu comme on reprend son souffle après une longue apnée, comme on reprendrait vie. Après la canicule, enfin un peu de pluie, une pluie tranquille et douce, pas un orage violent, une vraie pluie qui mouille, même s’il faudrait quand même un peu plus que ça pour hydrater la terre souvent devenue poussière quand elle était à nu, sans aucune protection, sans couvert végétal, sans un habit de feuilles. Et avec la pluie, reviennent les douces fraicheurs. On n’est pas en hiver et fraicheur en juillet se range dans l’agréable. Le retour sur la peau des poils qui partent en guerre pour garder la chaleur, de nos cuirs qui se parent des petites montagnes de la chair de poule. Les soirées encore longues sont des moments précieux, des bouts de jour en plus, une deuxième journée plus tranquille et douillette quand celle du temps normal est déjà derrière nous. Aller se balader jusqu’à ne plus rien voir que des nuances de gris ou lire en jetant un œil, et parfois même les deux, sur le soleil qui se couche sans toutefois oublier de laisser s’attarder quelques-uns de ses rubans, volants et falbalas au milieu des nuages qui se pâment en rosissant. Alors on rentre quand même pour aller se coucher, mais la fenêtre ouverte fait de nous des indiscrets chez les chouettes hulottes qui échangent, se chamaillent et s’appellent comme si elles étaient seules.
Vers le milieu de la semaine, les nuages s’écartent, laissent la place de nouveau au ciel bleu, au soleil. Retour du soleil donc, mais un soleil décent, un soleil raisonnable qui réchauffe sans cuire. Profiter du moment pour aller en forêt sur les chemins en pente puisque les feuilles mouillées glissent certes sous la chaussure, mais moins que les feuilles très sèches qui sont plus insidieuses et glissent l’une sur l’autre pour vous faire redescendre bien plus vite que prévu.
Au cours de la balade, penser à faire une pause, sous les arbres on est bien, lumière tamisée et puis théâtre d’ombres. À défaut de bord de mer on a les bords des feuilles, on peut même, luxe du choix, élire sa météo et la forme des vagues. Calme plat chez le noyer, vaguelettes chez le hêtre, houle tranquille chez le chêne et déferlantes terribles si on se rapproche assez des bords de la longue feuille du digne châtaignier. Les feuilles ont toutes maintenant leur vert soutenu d’été, elles se sont renforcées, gainées dans de longues fibres, elles ont atteint, cette fois, leur pleine maturité. Chez les arbres on n’est plus dans le temps des naissances, on est dans la croissance, l’entretien attentif des fleurs devenues fruits, attendre patiemment que ces fruits deviennent gros, dodus, joufflus, ventrus pour que les frugivores attentifs à l’avenir puissent les déguster et jeter les noyaux, disperser les pépins pour que d’autres arbres poussent.

Église Saint-Sulpice

OLOÉ, une belle invention de l'autrice Anne Savelli, le petit nom qu'elle donne aux espaces élastiques Où Lire Où Écrire. Elle explique ça ici bien mieux que je ne le ferais.
Et chez les Enlivreurs, dans cette catégorie, longue liste en construction de quelques OLOÉs qui me font écrire ailleurs

Première motivation pour entrer dans l’église : le frais. 36 degrés annoncés et sûrement plus chaud si on ajoute le ressenti. À l’intérieur l’air est plus frais et la lumière moins dure. S’asseoir. Attendre un peu avant de commencer à écrire, attendre que soit séchée la sueur sur les mains, sur les bras et partout, attendre de pouvoir toucher le moindre papier sans qu’il reste collé à la main qui l’écrit. Regarder tout autour, une sorte d’état des lieux du nouvel OLOE.
Dès l’entrée, de l’ombre, presque du sombre après l’éblouissant dehors. Tout de suite sur la droite, une première niche et un immense tableau, un célèbre Delacroix. Alors les guides viennent là, dire l’histoire du tableau juste devant le tableau. Des voix, du passage, trouver un autre endroit, plus calme sur les côtés. Autre attraction touristique de l’église, le gnomon, instrument d’astronomie installé là pour mesurer la position du soleil et déterminer avec précision la date de l’équinoxe de mars dont dépend celle de Pâques. Un petit peu de science parmi tant de croyance, ça me rassure, ça m’apaise pour écrire. Autre élément rassurant quand il s’agit d’écrire en ce qui me concerne, l’attitude des gens. Prière, recueillement ou simplement respect pour le silence des autres, pas de courses ni de cris, même les enfants sont pris par le solennel des lieux à condition quand même que ça ne dure pas trop longtemps. Le calme chez certains va même jusqu’au sommeil, une dame appuyée sur un pilier de pierre ou bien un SDF qui ronfle paisiblement, allongé sur trois chaises, ses sacs autour de lui ou encore ce prêtre appuyé de tout son dos sur le dossier de la chaise dans le confessionnal qui attend le pêcheur en faisant défiler d’un pouce un peu distrait les posts sur l’écran de son téléphone portable.
Contraste du mouvement dans toutes les allées entre la vie qui va, les gens qui se déplacent et l’immobilité des scènes sur les tableaux, immenses, impressionnants, qui décorent toutes les niches, souvent plongées dans l’ombre à part les quelques lampes qui éclairent les œuvres. Aussi le gris qui domine pour les dalles du sol et les pierres des piliers, la lumière pâle et crue qui tombe des vitraux blancs sans le faste des couleurs qu’on pourrait voir ailleurs.
Après ce tour d’horizon, on se dit qu’on serait très bien là pour écrire. Écrire. Vient la question du quoi, parce qu’écrire oui, mais quoi, avancer tel projet ou bien encore tel autre, commencer du nouveau ? Une question qui reste, tout au moins dans mon cas, sœur jumelle de l’ambiance de l’endroit où je suis. Bien sûr quelques touristes ou juste des gens fourbus en quête de fraîcheur et d’autres, menés là par ce en quoi ils croient. Ces derniers, les croyants, prient ou allument des cierges, se recueillent. Une dame pleure, doucement, en silence, agenouillée, dos droit, devant une statue. Ceux qui marchent essayent presque d’étouffer jusqu’au bruit de leurs pas, les conversations se font à voix basse, voire de bouche à oreille. Les couples quant à eux se tiennent par la main, mais gardent une distance claire pour séparer leurs corps, ici on est nettement du côté de l’esprit. Alors, écrire plutôt des choses pas trop légères pour coller à l’ambiance.
Le carnet est sorti, sac en guise d’écritoire, crayon gris qui ne coule pas, rapport à la chaleur, c’est parti on y va. Il était une fois.
Et quelques lignes plus loin, l’orgue se met à souffler. Soufflerie solennelle qu’on a vue à l’entrée juste en levant la tête, tubulure imposante, majestueuse, grandiose. On pense aux Te Deum, aux messes empesées et puis on n’en croit pas, pas du tout ses oreilles. Cet air on le connait, le crayon en arrêt, chaise paillée devenue un siège du futur, on a bien reconnu, c’est la guerre des étoiles. Le 21 juin, c’est fête de la musique. Et là finie l’ambiance, adieu le recueillement, réfléchir sur les mots. Le contraste est trop fort et puis tout le travail de mise en condition qui s’écroule en une fois. Alors, poser le crayon, abandonner l’idée d’écrire une ligne de plus, juste profiter du frais en attendant sagement que les vaisseaux de l’Empire viennent contrattaquer au-dessus de l’autel

Début juillet 2025

Journal hebdomadaire de la nature autour, promenade, branche dessus, branche dessous, avec le grand dehors

Une semaine d’attente. Attendre que la température baisse, attendre que la pluie tombe, attendre que l’été se fasse enfin vivable et que l’on puisse sortir sans se protéger de lui, de sa lumière trop dure, de son soleil trop brulant. À chaque coup d’œil dehors, avoir une pensée, triste autant qu’attristante, pour ceux qui sont coincés, bloqués par leurs racines qui les laissent cloués là, sans espoir de mouvement, sans espoir de changement quand ils regardent, envieux, ceux du règne animal, aller se mettre à l’ombre, aller se mettre sous leur ombre.
Attendre c’est ne rien faire, mais sans l’avoir choisi, ou alors s’occuper, mais jamais complètement, avec toujours en tête qu’il vaudrait mieux faire ça, que ce serait plus urgent ou bien plus rationnel, mais on n’y arrive pas, ou juste on ne peut pas. Alors jamais à fond sur un projet ou l’autre, mais toujours en attente avec un bout de la tête braqué sur le thermomètre ou bien sur les nuages qui apparaitraient presque en mirages célestes dans un désert trop bleu.
Parfois, on reprend espoir, le temps d’un peu de vent, de deux ou trois grosses gouttes aussi vite séchées qu’elles font mine de mouiller et de quelques éclairs entre l’espoir et la crainte de la violence du ciel quand éclairs et tonnerres viennent s’allier pour nous dire que nous sommes bien mignons nous autres les humains, mais que nos constructions n’ont rien d’assez solide et que si le ciel veut, on disparaitra vite de la peau de la terre, en parasites chassés d’un simple revers d’orage.
Du côté végétal, on tient encore un peu, en attente également, arrêter la croissance, observer et attendre, parfois aller jusqu’à laisser les fruits sécher avant qu’ils ne soient mûrs, du vert passer au jaune sans avoir eu la belle, la douce, l’appétissante couleur rouge des framboises. Ce sont encore les ronces qui s’en sortent le mieux. Certes du côté des mûres, pas mieux que les framboises, mais feuilles encore vaillantes et même de nouvelles pousses, des branches qui vont chercher de l’ombre et de l’eau, jetant dans la bataille toutes les forces disponibles quand tous les autres attendent, feuilles recroquevillées, la tête dans les épaules, qu’enfin les fins nuages fassent association pour faire tomber la pluie. Du côté des humains et autres animaux qui peuvent se déplacer, le mot d’ordre pour survivre c’est profiter de l’ombre, celle du soir, du matin, surtout de l’ombre des arbres, de bien loin la meilleure, et même si j’osais dire, sans craindre l’oxymore, malgré le dramatique, l’ombre la plus chaleureuse.

Arbre

Texte publié en juin 2025 dans la revue les villes en voix, l'œil du cyclone, en très bonne compagnie

Tout tourne autour de lui et il reste immobile. Il est l’œil du cyclone qui se lève le matin et se calme la nuit. Autour de lui le soleil, de l’est jusqu’à l’ouest, les promeneurs, ceux qui courent, les enfants en vélo, autour le bruit des chaises que l’on traîne pour être loin ou être juste à côté pour se parler plus bas, tout au creux de l’oreille, chants des oiseaux parfois, les cris et les appels, mots plus sereins aussi, ou bien remplis de fiel et de ressentiment, des phrases prises au hasard dans une conversation, ou la pluie sur les feuilles, ou le calme de la nuit.
C’est la nuit qu’il respire, cajolé par le sombre, bercé par le silence d’une solitude sereine, la nuit qu’il se rend compte qu’ils sont toute une rangée, tous des yeux du cyclone, tous avec le même âge, avec la même coiffure, avec les mêmes chaussures trop petites et trop serrées. Il est l’œil du cyclone comme tous les autres arbres, là, à côté de lui. Tout tourne autour de lui comme tout tourne autour d’eux sans vraiment se rendre compte que c’est lui le pilier qui soutient tout ce qui tourne, qu’il est l’œil du cyclone.