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Début juin 2025

Journal hebdomadaire de la nature autour, promenade, branche dessus, branche dessous, avec le grand dehors

Orages, éclaircies et instabilité, plus de pluie que de chaud, plus d’eau que de soleil. C’est la fête pour beaucoup, amphibiens en premiers qui toujours redouteront d’avoir les pieds sur terre, mais aussi pour les autres, escargots et limaces, donc fête mitigée du côté jardinier. Toujours un peu la course quand deux espèces convoitent des ressources identiques. Partage, diversion ou bien assassinat, pas toujours aussi simple qu’on aimerait que ça soit d’être parfaitement fair-play autour de nos laitues.
Côté vie des petits, avec la chaleur, les insectes sont là. À feuilleter les guides, à regarder dehors avec curiosité, on découvre des vies, des formes étonnantes, des couleurs magnifiques, silhouettes fantastiques. Alors pour qui écrit on sent vite que ces formes peuvent servir de passage, de portes ou de fenêtres vers un autre univers, un monde fantastique. Pinces, mâchoires, carapaces, une échelle inversée nous ferait vite basculer dans un monde de hantises tant sont diversifiés les contours, les couleurs, attributs et outils donnés par la nature à ces petites bêtes dont on ne rêve pas souvent qu’elles deviennent trop grandes et viennent chatouiller nos peurs et nos angoisses dans ces nuits chaudes d’été et de fenêtres ouvertes, ouvertes à ces effrois qui nous démangent parfois. Des cauchemars à gratter comme des boutons de moustiques.
Alors, vouloir l’orage, ses vents qui éparpillent de leurs rafales brusques, pluies, averses de grêle, déluges et cataractes qui ramènent la violence bien au-dessus de nos têtes. Alors voir le dehors, mais depuis le dedans, voire derrière une vitre qui nous mets à l’abri, mais aussi qui nous prive des odeurs et des sons, qui sépare nos deux mondes, nous fait voir le dehors comme sur une sorte d’image dans le cadre de la fenêtre, un paysage photo qu’on pourrait découper et regarder plus tard dans un temps différent de celui que l’on vit. Mais toujours bien attendre, quand le ciel y consent, le rire de l’éclaircie qui peindra de lumière les nuages oubliés.
Malgré la météo, pas toujours favorable, les fleurs fleurissent quand même, elles savent que les insectes attendent patiemment, guettent les éclaircies et qu’ils seront présents. Elles savent. Ou elles répondent seulement à la pression du temps, la tension du bourgeon, du bouton, ou de l’œil, pas trop de choix dans tout ça, même si la pluie n’aide pas, les fleurs vont éclore. Les roses sont sorties, elles se faneront plus vite, sans sécher, vite pourrir. Profiter sans tarder de leur couleur, de leur odeur, de leur disposition, la finesse des pétales, comme sur les toits en tuile, mais en rond cette fois pour protéger son cœur, le garder à l’abri de l’eau qui diluerait son pouvoir de faire de futures roses.
Roses aussi les groseilles, qui commencent à rougir, quasiment à rugir, encore pour un moment caché dessous les feuilles, ce sera bientôt leur heure de sortir au grand jour, de prendre la première place. Alors que juste en face sur le versant ubac, le vert fait l’escalade des pentes encore blanches et les derniers névés s’inclinent un à un devant ce vert qui monte.

Fin mai 2025

Journal hebdomadaire de la nature autour, promenade, branche dessus, branche dessous, avec le grand dehors

Une semaine entre soupe et salade composée. De la pluie, souvent le soir et puis du pas trop chaud dans les tout premiers jours pour finir en beau temps, en temps chaud même trop chaud de ces chaleurs lourdes qui nous annoncent l’été. Peut-être aussi un peu le manque d’habitude, l’étrange pour les bras qui sortent des manches des pulls et récoltent au passage les piqures et les griffes de qui passe trop prés des ongles des rosiers, des piquants des orties ou des grands appétits des insectes délivrés de la trêve hivernale.
Insectes un peu partout, petits, insignifiants si on n’y regarde de près, si on ne regarde pas, si on n’observe pas ces êtres attentivement. Forme, position des pattes, contours, couleurs, rayures, taches, ou motifs complexes, ailes, antennes, il faudrait observer et garder bien en tête chacun de ces détails, comme si on désirait ensuite les dessiner ou les faire dessiner par une main plus experte, mais qui aurait besoin de nos informations. Alors on pourrait dire que cet individu, oui, on le connait bien, tout au moins du dehors, sans savoir ce qu’il mange, comment il se déplace, où il vit, ce qu’il aime, qui sont ses prédateurs. Encore un monde de plus que l’on ne connait pas, ou pas bien, pas assez, alors que bien souvent notre monde et le leur se côtoient, se mélangent, dépendent l’un de l’autre. On saurait le trouver dans le grand guide en couleur de l’entomologiste curieux et débutant, et c’est un premier pas.
Du côté végétal, toujours de nouvelles fleurs, bien souvent chez les arbres qui font fleurs après feuilles quand d’autres font l’inverse. En ce moment sureau, châtaignier ou tilleul nous font lever la tête, nez happé par l’odeur. Chez les arbres les couleurs restent souvent plus sobres, blanc, crème, un peu rosée, tandis que près du sol, les yeux vont de choc en choc parmi les couleurs vives, roses, jaune, bleu et violet, couleurs pour attirer, notre œil d’être humain, mais surtout les capteurs des insectes experts qui viennent polliniser, se nourrir et faire vivre tout un monde plus grand qu’eux, mais qui n’est rien sans eux. Alors on peut penser que des fruits viendront peut-être, que les petites choses accrochées à leurs branches, encore vertes, minuscules et austères, feront un jour les joies de nos papilles gourmandes, de nos soifs désaltérées par les subtils nectars.
Et puis le jour allant, les ombres s’allongent doucement, ces ombres qu’on recherchait pour le frais et le doux d’une lumière moins dure, pour les étranges motifs des graminées en plumes, en pinceaux ou en brosses qui dessinent sur le sol des dentelles émouvantes, ces ombres quand vient le soir ne sont plus que souvenirs. Les ombres se font sombres, les yeux n’y peuvent plus rien et laissent revenir les peurs de qui ne sait pas les bruits, les craquements, les grincements, les jappements et les cris. Alors quand on ignore, on imagine le pire, passant par les souvenirs de contes d’épouvante, dramatiques, angoissants et piégeurs de rêveries. Toutes ces histoires anciennes qui nous font bêtement classer dans le mauvais la petite chauve-souris qui vole au ras du toit ou la chouette hulotte qui appelle dans le noir l’âme sœur qui lui répond et nous permet encore, une fois le soleil couché et l’orage calmé, de profiter du concert offert par les oiseaux.

Attention, une chauve-souris se cache dans la photo…

Fin de mi-mars 2025

Journal hebdomadaire de la nature autour, promenade, branche dessus, branche dessous, avec le grand dehors

Pas de monotonie pour habiller la semaine. On commence par la neige, venue refaire ici un petit tour de piste, en grande pompe, du grand show. La veille, juste ce qu’il faut de brume et de brouillard pour faire un écran blanc, pour préparer nos yeux à n’y voir que du feu dans le gommage des couleurs. Revenir à la page blanche pour pouvoir retrouver avec soulagement celles qui ont résisté des fleurs téméraires et déjà installées dans le doux du printemps avant que ne soit passé tout risque de caprice, de retour de l’hiver qu’on aurait délaissé un peu trop rapidement au goût des dents de scie du climat de maintenant.
Alors le lendemain sortir pour vérifier et pour se rassurer sur la vivacité de qui vit au-dehors. Pour la plupart des fleurs, elles en sortent fatiguées, mais quand même pas tuées, la chance du débutant pour ces plantes téméraires ou stratégie de l’audace, qui cette fois a payé, ce sera affaire à suivre dans le bilan de l’année, quand une fois de plus et le jour et la nuit feront partie égale, fêteront l’équinoxe, mais celui de l’automne qui marquera le retour des nuits majestueuses et des couleurs d’automne. En ce moment les couleurs, c’est une grande explosion, le jaune du forsythia, le violet des violettes, le pourpre du lamier pourpre et le blanc un peu rose des fleurs du prunier qui fleurit bien trop tôt depuis plusieurs années pour pouvoir faire des fruits à mettre sur les tartes.
Que ce soit un coup de chaud ou encore un coup de froid, ce sera toujours un coup, une violence, un choc, un marron, une châtaigne et quant à s’en remettre ça dépendra de la forme, de la durée aussi, du coup de froid en question puisque c’est souvent lui qu’on redoute au printemps, sans tenir compte du fait qu’une sortie précoce, guidée par un coup de chaud, sera fatale à l’abeille qui s’épuise dans sa quête des fleurs qui dorment encore et ne peuvent la nourrir. Les insectes et les fleurs, c’est une longue histoire de je t’aime moi non plus avec encore souvent les bonnes idées des uns détournées chez les autres, mais avec à la fin du bien mieux pour chacun, comme chez le lamier pourpre ou chez les orchidées que je guette maintenant que leurs feuilles tachetées se déplient à l’air libre.
Et cette fin de semaine, du beau, un peu voilé, du sable en suspension qui rend le loin moins clair et plus indéfini, alors en profiter pour mettre ce qu’on veut dans le loin pas si loin, même si on ne voit pas bien, on peut toujours rêver.

20230818

"De temps en temps", ça commence par la météo, et ça continue avec ce qui vient en tirant sur le fil

Plus chaud. Temps très ensoleillé, avec de rares cumulus sur les sommets l’après-midi, et déjà un peu plus chaud.
Températures minimales comprises entre +16 et +19 degrés.
Températures maximales comprises entre +34 et +37 degrés.
Isotherme 0° vers 4400 mètres.
Vent faible à modéré de Sud-Ouest.
Prévisions Météo Alpes

Plus chaud. Déjà un peu plus chaud. Canicule annoncée pour les jours à venir, pic de chaleur, sommet. Basculement. Du haut de ce chaud, on devrait voir devant, voir l’automne qui arrive avec ses couleurs jaunes, ses oranges, ses bruns et puis ses rouges aussi, pour faire sécher les feuilles, les rendre craquantes et rêches, mais aussi et surtout, faire espérer de l’eau, de l’humide et du frais. Faire entrevoir l’hiver. Bientôt une autre saison, la fin de quelque chose, le début d’autre chose. Quelque chose, autre chose. Chose, mot vague, parce qu’on ne sait pas très bien, on se demande encore et on hésite toujours. Pour le bilan déjà, se dire que c’est fini ou bien laisser sa chance à une dernière entrée dans le livre qui se ferme. Attendre la bascule, le moment décisif, celui qui justifie toute la préparation, toute l’histoire déjà lue, moment d’intensité, équilibre sur l’arête, retenir tout son souffle. Trouver ce basculement, ce changement même infime, ce point à regarder pour faire vivre une histoire et puis l’accompagner, le faire naître et puis être, développer en restant quand même toujours un peu dans le déséquilibre, dans le pas trop douillet, pour qu’on ait très envie de regarder plus loin, de voir l’autre côté, qu’il soit sombre ou plus clair, redouté ou connu, comme ce chaud qui nous vient et qui fait réfléchir au demain de demain