Carnets de « Voyage en Irréel » #2

Il était une fois... Dans cette série "carnets", toute l'histoire de "Voyage en Irréel", livre écrit à quatre mains avec Nicolas-Orillard-Demaire. Depuis avant l'idée jusqu'à après l'objet !

Aller aux champignons

Chercher une idée de départ pour un texte c’est un peu comme aller aux champignons. Carnet, crayon, un bâton pour écarter les feuilles au pied des arbres qu’on connait bien et qui accueillent dans leurs racines les racines des autres textes. Parfois aussi on part à l’aventure, sur des territoires inconnus. La météo est prometteuse, la période favorable, on part le nez au vent avec des bonnes chaussures parce que l’aventure, ça peut durer. Parfois on rentre bredouille, on ne trouve que des idées non comestibles, sèches, pourries. Au mieux des idées dont on doute. Les idées mortelles sont rares, même si elles existent. On les connait, on les évite. Mais surtout ne pas prendre le risque de tomber sur quelque chose  qui manquerait de goût, de saveur, d’intérêt.

Pour « Voyage en Irréel », une fois les images choisies, c’était à moi de me mettre au travail, de prendre mon petit papier, mon petit crayon et d’y aller pour de bon. D’autant plus que le livre devait être terminé, imprimé et disponible pour les festivals de septembre auxquels Nicolas allait participer. Créativité et efficacité. Deux mots qui riment, mais sont souvent peu compatibles… Pour que ça marche quand même, tout le monde a ses petits trucs, méthodes, cadres, routines, procédures et astuces. Pensées pour une amie qui triait les lentilles lorsqu’il lui fallait classer ses idées. De mon côté pour occuper les mains pendant que les réflexions batifolent, j’ai le travail : une chance !

En plus, les images et les textes allaient devoir se répondre, se compléter, avancer ensemble pour se mettre mutuellement en valeur, faire grandir le duo au-delà de l’addition, cheminer conjointement, main à la taille et bras aux épaules pour godiller en cadence. Donc sur ce projet-là, la feuille avait beau être blanche, je ne partais pas de rien. Pour certaines images, j’avais eu la chance d’être présente lors de la prise de vue, alors j’avais en souvenir ou en notes les éléments du décor, ne me restait plus qu’à installer les mots dans ce confortable fauteuil. Pour les autres, j’avais le soutien des photos et des souvenirs de Nicolas. Les souvenirs de son nez, ses oreilles, ses yeux et ses pieds : gelés, trempés, cuits vapeur ou juste à point, ils disent les conditions climatiques. Ensuite comme une marée descendante d’où émergeront des cailloux, des bancs de sable ou des îles, les lectures, la musique, les conversations, émissions de radio ou autres travaux en cours laissent pointer un petit quelque chose. Une odeur, un souffle qui parfois mène au but. Ou égare davantage.

Ensuite il y a l’image évidemment. Pour la plupart des textes, c’est elle qui a décidé. Mots en équilibre sur les sommets, ondulants dans les vagues comme sur les douces courbes des nuages, bleus, blancs, verts ou colorés comme des couchers de soleil, lovés dans le creux des rochers, accrochés aux branches des arbres, allongés sur la plage, il fallait trouver pour chaque espace le mot qui conviendrait, aurait la forme, la saveur de l’endroit. Pour commencer la balade, j’ai régulièrement pris le chemin de la description, simplement, comme on suit un sentier inconnu. Pour voir. C’est bien souvent ce vagabondage de chercheuse de champignons qui a su me mener au texte.

Côté pratique, pour ne pas laisser filer le moindre morceau d’idée, tout est bon : le précieux carnet, un bout de papier que je peux si besoin prendre en photo, mais plus souvent le téléphone, notes ou dictaphone en cas d’urgence. Une phrase, un mot, un bout de texte, tout finissait le soir dans le fichier associé à l’image pour éviter de mélanger, d’égarer une possible idée qui aurait pu être la bonne. Et rien de plus fragile et volatile que les idées avant qu’elles ne soient arrimées à un fichier, posées sur le papier, lestées de mots…

Rappels :

Pour d’autres images de Nicolas : http://nod-photography.com

Et pour commander le livre « Voyage en Irréel » : https://spoteditions.sumup.link

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Une réflexion sur « Carnets de « Voyage en Irréel » #2 »

  1. Merci Juliette … j’adore lire l’envers du décor, les réflexions, les doutes, qui ont permis la naissance de cette réalisation à 4 mains. Bravo à vous deux, j’ai hâte de le découvrir aussi.

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