En passant, petites images glanées au gré d'ici ou là. Coucher de soleil, Queige, mai 2023
Ce soir-la, c’était coucher de soleil. Un peu comme tous les soirs mais pas vraiment tout comme. La couleur des nuages les faisait incendie, la couleur des branches hautes les faisait charbon noir. Feu de forêt, foyer dans la cime des feuillus, image fugace, éphémère, instantanée. Quelques secondes à peine, tout au plus une minute, le temps de déclencher, de cliquer sur l’écran, le temps d’un coup de fil, juste le temps d’un appel. Entre le bleu du jour et le noir de la nuit, le feu. Flamboyant, flambant, flammes, feu, incendie. De l’abstrait dans le ciel trop réel dans nos têtes. Contraste. Entre fournaise insatiable et douces couleurs tendres, raccourcis de pensée, court-circuit effrayant, l’étincelle de l’image. Au milieu du tranquille, comme un grand froid dans le dos, l’irruption du danger, de la mort, de la peur. Juste à cause d’une rencontre de formes et de couleurs, juste à cause de ce ciel, des innocents nuages teintés de fin du jour qui s’en iraient en flammes emmenés par le vent. Les couleurs toutes seules dans un coucher de soleil amènent d’ordinaire des images innocentes, moins dangereuses, plus bénignes, parfois même romantiques voire un brin désuètes. Un couple assis de dos, une couverture pour deux, et le soleil couchant sur une plage déserte. Luxe, calme et volupté. Là, non. La forme des nuages construit un épisode furieux et dramatique, nous le rend fascinant, on tremble pour le fragile de la beauté des lieux. La force de l’image nous porte vers le feu quand tout nous pousse au doux. Rêve et cauchemar mêlés qui se renvoient la balle bien trop rapidement pour qu’on puisse l’arrêter, pour qu’on en ait envie, fascination du drame. Le charme des Fleurs du mal
Une description originale de la fugacité du ciel au moment du coucher surtout si le vent s’est invité. Du pas banal, nous avons envie d’y être alors nous l’imaginons aisément avec la photo et surtout les mots qui en racontent beaucoup plus …Les mots n’ont pas limité du cadre qui enferme l’image.
Avoir les deux c’est mieux c’est le début d’une narration.
Merci Juliette.
Étonnement pour moi aussi Sylvie de voir dans ces pacifiques nuages la forme et la couleur d’un drame tel que l’incendie. Et ambiguïté du feu qui réchauffe autant qu’il détruit, notre attirance aussi pour ces « Fleurs du mal ». Avec une fois de plus des liens qui se forment par les mots et les images sans qu’on les maîtrise tous et encore moins complètement… Nous sommes bien complexes parfois, nous autres bipèdes 😉